Détails sur la trêve discutée hier pour l'Ukraine
- Philippe Buffon
- 25 mars
- 3 min de lecture
Concernant les détails sur la trêve discutée hier, le 24 mars 2025, dans le cadre des négociations sur l'Ukraine en Arabie saoudite, voici ce que l'on peut préciser à ce stade, sur la base des informations disponibles au 25 mars 2025 :
Les pourparlers se sont concentrés sur une trêve partielle, visant principalement à suspendre les hostilités sur des aspects spécifiques du conflit russo-ukrainien, qui dure depuis plus de trois ans. L’initiative, portée en grande partie par les États-Unis sous l’impulsion de l’administration Trump, a impliqué deux séries de discussions distinctes à Riyad : d’abord entre les délégations ukrainienne et américaine le dimanche 23 mars, puis entre les délégations russe et américaine le lundi 24 mars.
Points clés de la trêve proposée :
Objectif principal : protection des infrastructures critiques
L’Ukraine, représentée par son ministre de la Défense Roustem Oumerov, a mis en avant des propositions visant à protéger les installations énergétiques et critiques, qui ont été lourdement ciblées par les frappes russes, notamment pendant l’hiver. Kiev souhaitait un moratoire sur les attaques contre ces sites, ainsi que sur d’autres infrastructures civiles et la mer Noire.
Les discussions ukraino-américaines ont abouti à un accord sur une proposition de cessez-le-feu de 30 jours, initialement formulée par les États-Unis et acceptée par l’Ukraine dès le 11 mars à Djeddah. Cette trêve devait être "immédiate et provisoire", avec une possibilité de prolongation par accord mutuel, mais restait conditionnée à l’acceptation de la Russie.
Modalités techniques
Les détails opérationnels évoqués incluaient une suspension des frappes de drones et de missiles à longue portée, ainsi que des opérations de combat en mer Noire, jugées "faciles à mettre en place et à surveiller" selon un haut responsable ukrainien. Cela impliquait une liste de sites civils et de zones à protéger, préparée par Kiev.
Aucun mécanisme précis de contrôle ou de vérification n’a été publiquement détaillé à l’issue des discussions d’hier, bien que les Ukrainiens aient insisté sur la nécessité de clarifier "quels sites, comment contrôler, et quelles armes" seraient concernés.
Position russe
Lors des pourparlers russo-américains, qui ont duré plus de douze heures selon l’agence Tass, la Russie a abordé les négociations avec un "esprit combatif et constructif", d’après Grigori Karassine, l’un des négociateurs russes. Moscou a exprimé un intérêt particulier pour la reprise de l’accord céréalier en mer Noire (expiré en 2023), mais n’a pas clairement validé la proposition de trêve de 30 jours.
Vladimir Poutine avait précédemment conditionné toute trêve à une paix "durable", incluant le retrait des troupes ukrainiennes de la région de Koursk (où Kiev maintient une présence depuis août 2024) et la prise en compte des "causes profondes" du conflit, termes vagues laissant place à des exigences territoriales ou politiques plus larges (comme la démilitarisation ou la non-adhésion de l’Ukraine à l’OTAN).
Résultats et prochaines étapes
À la fin des discussions russo-américaines hier soir, aucun accord ferme n’a été annoncé. Une déclaration conjointe devait être publiée aujourd’hui, 25 mars, pour préciser les résultats, mais le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, avait averti qu’aucun document formel n’était prévu dans l’immédiat.
La délégation ukrainienne a prévu de reprendre les discussions avec les Américains aujourd’hui, une fois les retours de la réunion russo-américaine connus, pour ajuster leur position. Volodymyr Zelensky a souligné que la balle était désormais "dans le camp de Moscou" pour accepter ou rejeter la trêve.
Contexte et incertitudes
Rôle des États-Unis : Washington a joué un rôle de médiateur, avec des figures comme Steve Witkoff, émissaire de Trump, affichant un optimisme prudent ("de vrais progrès"). En échange de l’accord de l’Ukraine sur la trêve, les États-Unis ont levé la suspension de leur aide militaire et du partage de renseignements dès le 11 mars.
Absence de l’Europe : Les Européens, tenus à l’écart, continuent de pousser pour des garanties de sécurité à long terme, craignant que cette trêve ne soit qu’une pause tactique pour la Russie.
En résumé, la trêve envisagée reste partielle, temporaire (30 jours initiaux), et axée sur des cibles spécifiques comme les infrastructures énergétiques et la mer Noire, mais son adoption dépend encore de la Russie, dont les exigences dépassent largement le cadre proposé. Les détails définitifs devraient émerger avec la déclaration conjointe attendue aujourd’hui.
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